L'on se souvient de l'expérience faite en janvier 2007 par le violoniste Joshua Bell : dans l'environnement anonyme d'un couloir de métro à Washington, le célèbre virtuose joue trois quarts d'heure sans susciter d'intérêt manifeste. Sa cagnotte s'élève à 32 dollars. L'événement, monté par le Washington Post, a suscité d'innombrables commentaires sur l'incapacité supposée des Américains d'admirer un récital pour lequel les places se vendraient plusieurs dizaines de dollars - l'une.
Vendredi 11 avril 2009, métro de Bucarest. Le jeune violoniste Alexandru Tomescu, accoutré de vêtements civils, répète l'expérience de Bell. Comme son illustre confrère, il joue un stradivarius de légende, et comme lui, il exécute des pièces de Bach et d'autres morceaux virtuoses dont les bis sont friands. Surprise ! les passants s'arrêtent, écoutent, lui remettent un peu d'argent. 328 lei - trois fois plus que pour l'expérience de Washington ! Et en une demi-heure seulement !
Alors, plus mélomanes que les Américains, les Roumains ? Peut-être. Moins obnubilés par les horaires, sans doute aussi. A l'inverse, on peut supposer qu'ils ont moins d'occasion d'écouter de la grande musique que les habitants de la capitale des USA, et de ce fait plus prompts à s'émerveiller de la moindre manifestation de cet art si galvaudé. Il suffit parfois de quelques gouttes pour que s'épanouisse une fleur du Sahara... Et doit-on insister sur l'importance du violon dans la culture nationale roumaine ?
Quoiqu'il en soit, cette action retentissante et abondamment commentée ne peut qu'attirer les feux de la critique internationale sur un violoniste d'exception. Quelle belle carte de visite ! Mais pourquoi les disques sont-ils si rares ? Nous reparlerons ici d'Alexandru Tomescu.
(d'après România Liberă)
Vous trouverez la traduction roumaine de cet article dans Le monde d'Alexandra.
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