Alfred Mendelsohn est un nom fréquemment cité dans les encyclopédies, mais absent des catalogues discographiques. La 6e symphonie de ce compositeur débutait le concert de l’Orchestre National de la Radio, avec à sa tête Constantin Silvestri, le 19 septembre 1958. Le choix de cette œuvre revêt une signification particulière. Ecrite l’année de la disparition d’Enesco (1955), elle se veut un hommage au père de la musique savante roumaine.
Le style de Mendelsohn n’est cependant pas celui de son modèle. La symphonie surprend par sa facilité d’écoute, la qualité de son orchestration, son architecture robuste. On peut goûter sa verdeur roborative, à défaut d’une profondeur affirmée. Son mouvement initial (Ben moderate. Allegro ma non troppo) est une sorte de pastorale culminant en un hymne cuivré (6e minute). La danse fantastique du Scherzo –Allegro con brio est aussitôt suivie d’une marche funèbre (Lento doloroso, 3e mouvement). La dernière partie du finale (Con brio, brillante), très extravertie, emprunte en le transformant son thème héroïque à la 1ère symphonie d’Enesco. L’ovation du public rend justice à la ferveur de Silvestri et de ses musiciens de l'Orchestre de la Radio.
Les Trois Danses Roumaines de Theodor Rogalski ne sont pas une découverte : cela fait longtemps que ces miniatures symphoniques de qualité sont disponibles dans les rayons, sous la baguette d’Horia Andreescu. L’on regrette tout de suite le son étriqué de cette nouvelle parution. Que s’est-il passé entre la symphonie de Mendelsohn et les danses de Rogalski pour que le spectre sonore soit réduit à un tel point ? Faut-il incriminer le travail de restauration ? L’imbroglio ici offert à nos oreilles ne rend justice ni aux talents d’instrumentateur de Rogalski, ni à ceux d’interprète de Silvestri.
Le second CD est consacré à Brahms, qu’Enesco admirait tant. Claudio Arrau se rappelle certainement que sa première prestation publique s’est faite sous l’égide de George Georgescu, au sortir de la Grande Guerre. Dans le Deuxième Concerto pour piano du maître allemand, Silvestri s’affirme accompagnateur hors pair. Son orchestre, en dépit de ses faiblesses techniques, répond à un Claudio Arrau très soucieux de souligner les contrastes d’une œuvre poétique et martiale. Le passage piu adagio du mouvement lent est servi avec tout le sentiment que cette musique si délicate mérite.
Mais pourquoi le report a-t-il si sauvagement écourté les deux premiers mouvements ? L’auditeur est victime du même coup de Jarnac que sur le CD Georgescu, quand on aurait aimé savourer l’écho orchestral dans la salle de l’Athénée.
En compléments, Enesco raconte à Gavoty sa rencontre avec Brahms. On se demande pourquoi la Radio roumaine a jugé intéressant, pour finir le CD, de reproduire la courte déclaration d’Arrau dans la parfaite ligne de la doxa communiste, entre le rôle de la musique pour la paix et la merveilleuse clairvoyance du public bucarestois.
Référence : Editura Casa Radio 272
Note
2 commentaires:
un blog foarte interesant, felicitari autorului
Multumesc !
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