On est heureux et surpris de trouver l’édition officielle de la première roumaine d’Œdipe, unique opéra d’Enesco. Heureux, car l'oeuvre reste une rareté, en dépit d’un regain d’intérêt sur quelques scènes internationales. Surpris, puisque cette production de l’Opéra de Bucarest dirigée par Constantin Silvestri est restée depuis 1958 inédite au disque ; certains pensaient même qu’elle était définitivement perdue, d’où sa dimension légendaire dans le petit cercle des admirateurs d'Enesco.
Première interrogation : pourquoi un album de deux CD quand l’édition officielle Electrecord de 1964, avec Mihai Brediceanu à la baguette, en contient trois ? S’agit-il d’une version expurgée ? Un coup d’œil sur les minutages ne démontre qu’une différence de neuf minutes entre les deux interprétations. Cet écart ne remplit certes pas un CD : l’explication est qu’Electrecord n’a pas cherché à combler la capacité des disques, quand la Radio Roumaine propose deux galettes bien garnies.
La captation publique du 22 septembre 1958 bénéficie d’une bonne monophonie, un peu saturée par moments. La voix de baryton de David Ohanesian, qui étrenne ici une longue carrière centrée sur l’incarnation du rôle-titre, est parfaitement mise en valeur : à titre d’exemple, l’on écoutera avec le plus grand intérêt le monologue du 2e acte (piste 9), ou encore le début du dernier acte.
Silvestri porte à bout de bras une œuvre qu’il a tant préparée. Mais le pouvoir voyait d’un mauvais œil cet opéra et sa dimension mythique, doublée d’allusions supposées à « l’espace mioritique » du poète Lucian Blaga. 1958, l’année du Festival, est celui des procès contre les intellectuels. La presse ignore le succès musical et public de l’opéra d’Enesco. Comment un artiste pourrait continuer à servir une musique jugée indésirable ? Silvestri devait dès lors choisir son propre destin, au-delà du rideau de fer. Jamais plus il ne reviendra dans cette Roumanie qu’il a tant honorée à travers son art.
L’album comporte un très intéressant extrait des entretiens avec Gavoty, où Enesco joue au piano le passage de l’énigme de la sphinge et la réponse d’Œdipe. Une réelle performance, mais trop brutalement coupée au montage. D’un point de vue technique, quelques raccords hasardeux (entre les tableaux II et III du 2e acte par exemple) auraient pu être évités.
Notice intéressante que l’on aurait aimé voir accompagnée d’un livret. A noter que la transcription en langue roumaine du texte d’Edmond Fleg, réalisée par Emanoil Ciomac, a reçu l’aval officiel du compositeur.
Référence
Editura Casa Radio ECR 268
Première interrogation : pourquoi un album de deux CD quand l’édition officielle Electrecord de 1964, avec Mihai Brediceanu à la baguette, en contient trois ? S’agit-il d’une version expurgée ? Un coup d’œil sur les minutages ne démontre qu’une différence de neuf minutes entre les deux interprétations. Cet écart ne remplit certes pas un CD : l’explication est qu’Electrecord n’a pas cherché à combler la capacité des disques, quand la Radio Roumaine propose deux galettes bien garnies.
La captation publique du 22 septembre 1958 bénéficie d’une bonne monophonie, un peu saturée par moments. La voix de baryton de David Ohanesian, qui étrenne ici une longue carrière centrée sur l’incarnation du rôle-titre, est parfaitement mise en valeur : à titre d’exemple, l’on écoutera avec le plus grand intérêt le monologue du 2e acte (piste 9), ou encore le début du dernier acte.
Silvestri porte à bout de bras une œuvre qu’il a tant préparée. Mais le pouvoir voyait d’un mauvais œil cet opéra et sa dimension mythique, doublée d’allusions supposées à « l’espace mioritique » du poète Lucian Blaga. 1958, l’année du Festival, est celui des procès contre les intellectuels. La presse ignore le succès musical et public de l’opéra d’Enesco. Comment un artiste pourrait continuer à servir une musique jugée indésirable ? Silvestri devait dès lors choisir son propre destin, au-delà du rideau de fer. Jamais plus il ne reviendra dans cette Roumanie qu’il a tant honorée à travers son art.
L’album comporte un très intéressant extrait des entretiens avec Gavoty, où Enesco joue au piano le passage de l’énigme de la sphinge et la réponse d’Œdipe. Une réelle performance, mais trop brutalement coupée au montage. D’un point de vue technique, quelques raccords hasardeux (entre les tableaux II et III du 2e acte par exemple) auraient pu être évités.
Notice intéressante que l’on aurait aimé voir accompagnée d’un livret. A noter que la transcription en langue roumaine du texte d’Edmond Fleg, réalisée par Emanoil Ciomac, a reçu l’aval officiel du compositeur.
Référence
Editura Casa Radio ECR 268
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