Peu de temps avant son exil définitif de Roumanie, Constantin Silvestri s’investit corps et âme dans la musique d’un maître qu’il aimait tant. Enesco par Silvestri : il existe dans l’histoire de l’interprétation musicale des associations qui respirent l’évidence. Avant de créer l’opéra Œdipe lors du même festival international de 1958, le chef d’orchestre présente le 5 septembre un récital consacré à deux œuvres de maturité d’Enesco – on lui sait gré de nous épargner une n-ième version des Rhapsodies – et à Beethoven.
On a souvent rapproché l’Ouverture de concert sur des thèmes dans le caractère populaire roumains op 32 en la majeur – Uvertura de concert pe teme în caracter popular românesc, chaque mot est ici important – de l’écriture de Béla Bartók. Pourtant cette pièce sévère, et pourrait-on dire cruelle, avec son thème grimaçant qui revêt des atours fantastiques, évoque tout aussi bien le métier de Dimitri Chostakovitch. Voilà une œuvre lucide de l’après-guerre, sans gloire ni optimisme. On mesure la clairvoyance d’Enesco.
L’art de Silvestri est ici entravé par un orchestre de la Radio un peu pataud, peut-être victime du trac. L’autre interprétation de cette ouverture qu’il nous a laissée, captée en studio avec le même ensemble un rien plus vif (Electrecord EDC799/800, dates d’enregistrement non précisées), rend mieux justice au caractère sardonique de la partition.
Le constat s’inverse avec la troisième suite orchestrale Paysanne (Săteasca) mieux venue dans la version live du Festival que dans le double album déjà cité. Sans doute l’une des plus belles incarnations de cet œuvre majeure, animée d’un supplément d’âme qui faisait défaut à l’Ouverture.
Le deuxième CD présente le concerto pour violon de Beethoven avec David Oïstrakh en soliste. Le virtuose russe a enregistré à de multiples reprises cette œuvre avec toute la maestria, le lyrisme et l’humour dont on le sait capable. Je laisse à plus savant que moi le soin de démêler les avantages et défauts de chaque enregistrement ; on peut toutefois souligner ici la différence de classe entre le soliste et l’orchestre, qui n’a pas le lustre de la Philharmonie : décalages des vents, cordes souffreteuses, sonorités rauques… Silvestri fera incomparablement mieux chanter Vienne après son exil.
En complément, un extrait des entretiens d’Enesco avec Bernard Gavoty (sur le vibrato) et un témoignage de David Oistrakh sur ses rencontres avec le maître roumain. Ce double CD est introduit par l’indicatif du festival où l’on reconnaîtra le thème de la 1ere symphonie d’Enesco.
Référence : Editura Casa Radio 270
On a souvent rapproché l’Ouverture de concert sur des thèmes dans le caractère populaire roumains op 32 en la majeur – Uvertura de concert pe teme în caracter popular românesc, chaque mot est ici important – de l’écriture de Béla Bartók. Pourtant cette pièce sévère, et pourrait-on dire cruelle, avec son thème grimaçant qui revêt des atours fantastiques, évoque tout aussi bien le métier de Dimitri Chostakovitch. Voilà une œuvre lucide de l’après-guerre, sans gloire ni optimisme. On mesure la clairvoyance d’Enesco.
L’art de Silvestri est ici entravé par un orchestre de la Radio un peu pataud, peut-être victime du trac. L’autre interprétation de cette ouverture qu’il nous a laissée, captée en studio avec le même ensemble un rien plus vif (Electrecord EDC799/800, dates d’enregistrement non précisées), rend mieux justice au caractère sardonique de la partition.
Le constat s’inverse avec la troisième suite orchestrale Paysanne (Săteasca) mieux venue dans la version live du Festival que dans le double album déjà cité. Sans doute l’une des plus belles incarnations de cet œuvre majeure, animée d’un supplément d’âme qui faisait défaut à l’Ouverture.
Le deuxième CD présente le concerto pour violon de Beethoven avec David Oïstrakh en soliste. Le virtuose russe a enregistré à de multiples reprises cette œuvre avec toute la maestria, le lyrisme et l’humour dont on le sait capable. Je laisse à plus savant que moi le soin de démêler les avantages et défauts de chaque enregistrement ; on peut toutefois souligner ici la différence de classe entre le soliste et l’orchestre, qui n’a pas le lustre de la Philharmonie : décalages des vents, cordes souffreteuses, sonorités rauques… Silvestri fera incomparablement mieux chanter Vienne après son exil.
En complément, un extrait des entretiens d’Enesco avec Bernard Gavoty (sur le vibrato) et un témoignage de David Oistrakh sur ses rencontres avec le maître roumain. Ce double CD est introduit par l’indicatif du festival où l’on reconnaîtra le thème de la 1ere symphonie d’Enesco.
Référence : Editura Casa Radio 270
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