lundi 8 septembre 2008

Mihail Jora (1891, Roman - 1971, Bucarest)

Compositeur, professeur, chef d'orchestre et pianiste. A l'âge de 10 ans il commence l'apprentissage du piano à Iaşi avec Eduard Meissner (1901-1909) puis Hélène André (1909-1912). Inscrit au Conservatoire de la ville de 1909 à 1911, il étudie la théorie et le solfège avec Sofia Teodoreanu, ainsi que l'harmonie avec Alexandru Zirra. Il se perfectionne au Conservatoire de Leipzig avec Robert Teichmüller (piano), Stephan Krell (harmonie, contrepoint, composition), Hoffmann (orchestration), Hans Sitt (direction d'orchestre) et Max Reger pour la composition. En 1919 et 1920 il se rend à Paris et étudie la composition avec Florent Schmitt.

Mihail Jora est honoré du premier prix de composition George Enesco en 1915. En 1920, il est membre fondateur de la Société des Compositeurs Roumains de Bucarest, dont il assure la vice-présidence de 1940 à 1948. Il est nommé à la tête de la Société Roumaine de Radiodiffusion bucarestoise de 1928 à 1933 et se voit octroyer une chaire de composition au Conservatoire de la capitale (1930-1948, 1954-1961), ayant assuré de 1941 à 1947 la direction de l'institution. De 1961 à sa mort il en est professeur consultant.

Il participe activement à la vie musicale en étant le conseiller artistique de la Philharmonie (1931-1945) et de l'Opéra (1931-1944) de Bucarest, en donnant plusieurs récitals à travers le pays, aussi bien en tant que pianiste que chef d'orchestre. Auteur de plusieurs publications sur ses confrères compositeurs (George Enesco, Marţian Negrea...), il est membre d'institutions prestigieuses (Institut Max Reger de Bonn, 1948 ; Académie Roumaine, 1955 ; Gesellschaft der Freunde des Internationale Musik-Brief Archive de Vienne, 1962). Parmi les nombreuses distinctions qu'il reçoit, l'on trouve la Médaille d'Or de l'Exposition Universelle de Paris 1937.

Mihail Jora s'attache à donner ses lettres de noblesse au ballet roumain. Il en compose six dont Curtea veche (1948) et Hanul Dulcinea (1966). Une Symphonie en do majeur (1937), un poème symphonique avec solo de ténor d'après Mihai Eminescu (Poveste indică, 1920), trois Suites orchestrales (1915, 1924, 1932), un Burlesque (1949) et deux Cantates complètent sa contribution à la littérature symphonique. Sa musique de chambre est représentée par quelques duos (violon ou alto, piano) et deux Quatuors à cordes (1926, 1966). Il consacre au piano deux Sonates (1913, 1942), des Variations sur un thème de Schumann (1943) et plusieurs recueils de pièces caractéristiques. La majeure partie de son catalogue est constituée par les lieder et mélodies qu'il écrit tout au long de sa vie, depuis les Fünf lieder für eine Mittelstimme op. 1 de 1914 jusqu'aux Cinci cântece pe versuri de Mariana Dumitrescu op. 54, en 1968. Mihail Jora laisse enfin deux recueils de choeurs mixtes a capella et la restauration de l'opéra comique de Tudor Flondor Noaptea Sf. Gheorghe (La nuit de la Saint-George, révisé et orchestré en 1937).

Les Roumains placent l'influence de Mihail Jora sur leur musique savante au même niveau que celle d'un Enesco. Il a su inventer un folklore imaginaire, sans emprunt aux thèmes populaires, d'une grande personnalité. Ses ballets représentent la quintessence de son œuvre, rendant pleine justice à son talent d'orchestrateur. Son attitude volontiers sarcastique lui a toutefois posé quelques difficultés, justifiant même sa mise à l'écart (fort heureusement provisoire) de la vie artistique.

Sources
  • Viorel Cosma, Muzicieni din România, vol. 4, Editura muzicală, Bucureşti, 2001 - ISBN 973-42-0249-9

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